Lecture
Cie du JARNISY
Auteur : Bernard Bretonnière | Pas un tombeau est édité aux éditions Le dé bleu
Auteur : Bernard Bretonnière | Pas un tombeau est édité aux éditions Le dé bleu
Lecture : Hervé Lang
Lumières : Christophe Constantin
A coup de plus ou moins petites strophes, Bernard Bretonnière donne forme à un portrait pointilliste de son père ou plutôt de l'image qu'il se fait de lui. Il évoque anecdotes, manies, obsessions et lubies paternelles, s'interroge sur la nature de leurs rapports, pose la question de l'amour et de l'éducation, va et vient entre ses souvenirs, ses questionnements d'enfant et le regard de l'adulte qu'il est devenu.
Il
s’amuse à mêler les registres pour dire un père qui est aussi
l’incarnation d’une langue ancrée dans un terroir, une langue d’
« avant la TSF ».
Un
texte rythmé charnel et drôle à l’inverse d’une nécrologie,
célébration d’un père vivant, et bon vivant ! Un texte poétique
qui appelle la mise en voix.
Dans
ce texte inépuisable de Bernard Bretonnière, un fils dit son père
vivant, sans idolâtrie ni règlement de compte.
L’auteur
passe son temps à tenter de désamorcer cette émotion en
l'attrapant par les petits mots de la langue, les petits gestes de
l'enfance ou du présent.
On
sourit…
On
se souvient avoir connu quelque part ce père-là : mon
père inventé vrai.
Les
mots du passé reviennent dans une langue qui ne fourche pas :
bribes, telles quelles.
On
retrouve les expressions d’alors et celles d’aujourd’hui :
elles « attestent. »
Ce
n’est pas un film joué.
Du
vivant coule dans la langue.
Beaucoup
d'écrivains ont éprouvé la nécessité de dire leur père
post-mortem, pour lui rendre un dernier hommage, voire pour engager
ce qu'il est convenu d'appeler un " travail de deuil ".
Lisant leurs livres, souvent magnifiques, je me suis demandé
pourquoi je ne tenterais pas d'écrire aujourd'hui sur mon père
vivant. La perspective d'une telle écriture, ni idolâtrie ni
règlement de compte, se trouve nécessairement, et considérablement
déplacée - ne serait-ce parce qu'elle échappe, de fait, à la
déploration ; son risque devient alors totalement différent. Écrire
au présent modifie et la forme, et le son, et le souffle ; écrire "
je t'aime " à un vivant auquel on ne l'a encore jamais vraiment
dit représente un exercice troublant ; écrire un livre - ce livre,
plein de trous - qu'on ne saurait avoir la faiblesse de présenter à
celui qui en est le sujet, et non le destinataire, relève d'un
mouvement peu rationnel. N'empêche que tous les pères, tous les
fils, les mères et les filles, sont humblement conviés, par ses
pages, à se reconnaître, à se retrouver. Je rêve tout bonnement,
entre candeur et vanité, d'avoir écrit le plus beau texte jamais
écrit par un fils sur son père.
Bernard
Bretonnière
Extraits :
Mon père pudique est-ce que j’ai droit de te dire je t’aime le
droit d’écrire sur toi maman veut pas ça : « impudeur
indiscrétion » elle dit « pas étaler sur la place publique pas
révéler des secrets de famille les gens n’ont pas à savoir quand
même » alors si j’ai pas droit pardon pardon pardon.
"touiller",
"bobonne", "corner" (pour "klaxonner")…
Énumération
d’un quotidien tonitruant (le père est bon vivant), de rituels
"tut tut tut", le soir trois fois, en descendant au garage
et le langage du fils reproduisant le rythme d’alors, quand il
rappelle qu’il fallait ouvrir la "lourde lourde lourde porte".
Mimétique répétition, elle enclenche l’enfance, la fait entrer
dans le texte « sans filtre ».
Au
présent tout est dit, le passé (l’enfance), le présent
(l’adulte).
Mon
père, jamais mourra
Tarif unique : 5€
Informations et réservations conseillées : 03 82 33 28 67 / com@jarnisy.com
Adresse du Théâtre-Maison d'Elsa : 16A avenue Patton, 54800 Jarny
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