Pas un tombeau, suite de proses rapises pour dire un père | Bernard Bretonnière | V.22 JANV | 20H30 | Théâtre-Maison d'Elsa, Jarny

Lecture 
Cie du JARNISY
Auteur : Bernard Bretonnière | Pas un tombeau est édité aux éditions Le dé bleu
Lecture : Hervé Lang
Lumières : Christophe Constantin

A coup de plus ou moins petites strophes, Bernard Bretonnière donne forme à un portrait pointilliste de son père ou plutôt de l'image qu'il se fait de lui. Il évoque anecdotes, manies, obsessions et lubies paternelles, s'interroge sur la nature de leurs rapports, pose la question de l'amour et de l'éducation, va et vient entre ses souvenirs, ses questionnements d'enfant et le regard de l'adulte qu'il est devenu.

Il s’amuse à mêler les registres pour dire un père qui est aussi l’incarnation d’une langue ancrée dans un terroir, une langue d’ « avant la TSF ».

Un texte rythmé charnel et drôle à l’inverse d’une nécrologie, célébration d’un père vivant, et bon vivant ! Un texte poétique qui appelle la mise en voix.



Dans ce texte inépuisable de Bernard Bretonnière, un fils dit son père vivant, sans idolâtrie ni règlement de compte.
L’auteur passe son temps à tenter de désamorcer cette émotion en l'attrapant par les petits mots de la langue, les petits gestes de l'enfance ou du présent.
On sourit…
On se souvient avoir connu quelque part ce père-là : mon père inventé vrai.
Les mots du passé reviennent dans une langue qui ne fourche pas : bribes, telles quelles.
On retrouve les expressions d’alors et celles d’aujourd’hui : elles «  attestent. »
Ce n’est pas un film joué.
Du vivant coule dans la langue. 

Beaucoup d'écrivains ont éprouvé la nécessité de dire leur père post-mortem, pour lui rendre un dernier hommage, voire pour engager ce qu'il est convenu d'appeler un " travail de deuil ". Lisant leurs livres, souvent magnifiques, je me suis demandé pourquoi je ne tenterais pas d'écrire aujourd'hui sur mon père vivant. La perspective d'une telle écriture, ni idolâtrie ni règlement de compte, se trouve nécessairement, et considérablement déplacée - ne serait-ce parce qu'elle échappe, de fait, à la déploration ; son risque devient alors totalement différent. Écrire au présent modifie et la forme, et le son, et le souffle ; écrire " je t'aime " à un vivant auquel on ne l'a encore jamais vraiment dit représente un exercice troublant ; écrire un livre - ce livre, plein de trous - qu'on ne saurait avoir la faiblesse de présenter à celui qui en est le sujet, et non le destinataire, relève d'un mouvement peu rationnel. N'empêche que tous les pères, tous les fils, les mères et les filles, sont humblement conviés, par ses pages, à se reconnaître, à se retrouver. Je rêve tout bonnement, entre candeur et vanité, d'avoir écrit le plus beau texte jamais écrit par un fils sur son père.
Bernard Bretonnière

Extraits :

Mon père pudique est-ce que j’ai droit de te dire je t’aime le droit d’écrire sur toi maman veut pas ça : « impudeur indiscrétion » elle dit « pas étaler sur la place publique pas révéler des secrets de famille les gens n’ont pas à savoir quand même » alors si j’ai pas droit pardon pardon pardon.

"touiller", "bobonne", "corner" (pour "klaxonner")…
Énumération d’un quotidien tonitruant (le père est bon vivant), de rituels "tut tut tut", le soir trois fois, en descendant au garage et le langage du fils reproduisant le rythme d’alors, quand il rappelle qu’il fallait ouvrir la "lourde lourde lourde porte". Mimétique répétition, elle enclenche l’enfance, la fait entrer dans le texte « sans filtre ».
Au présent tout est dit, le passé (l’enfance), le présent (l’adulte).

Mon père, jamais mourra 

Tarif unique : 5€
Informations et réservations conseillées : 03 82 33 28 67 / com@jarnisy.com 
Adresse du Théâtre-Maison d'Elsa : 16A avenue Patton, 54800 Jarny